Dans quel contexte ces Appels à manifestation d’intérêt ont-ils vu le jour ?
Stéphanie Grisel : Le premier AMI a été lancé dès 2018, suite à la publication de l’instruction du 17 juillet 2018 relative à la mise en œuvre d’une stratégie de promotion de la qualité de vie au travail dans les établissements médico-sociaux. Il faut dire qu’il s’agit là d’un enjeu majeur pour les métiers du grand âge, comme l’avait d’ailleurs également souligné le rapport El-Khomri d’octobre 2019 – et plus encore depuis la crise Covid. Donc, depuis 2018, l’Agence Régionale de Santé des Hauts-de-France attribue à ces AMI une partie des crédits alloués par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Notre objectif est de financer et d’accompagner des projets de démarche QVT et d’innovation au sein des établissements et services médico-sociaux de la région, à la fois sur le secteur des personnes âgées et sur celui des personnes en situation de handicap. Depuis 2018, près de 19 millions d’euros ont été attribués pour financer des actions en matière de QVT.
Vous évoquez l’impact de la crise sanitaire. Que constatez-vous ?
Si elle a toujours représenté un point de vigilance, les enjeux de la qualité de vie au travail ont gagné en intensité depuis la première vague épidémique. Les directeurs d’EHPAD, notamment, y sont plus attentifs et engagent de nombreuses actions en ce sens. En témoigne l’évolution du nombre de projets soumis dans le cadre des AMI : nous avons reçu 68 dossiers en 2018, une centaine en 2019, 229 en 2020, 245 en 2021, et en attendons autant voire plus pour 2022. Les candidatures ont donc été multipliées par 3,3 entre le premier et le quatrième AMI ! Autre indicateur fort du nouvel intérêt porté à la QVT par les directions d’EHPAD : 80 % des dossiers reçus en 2021 concernaient des établissements pour personnes âgées, même si nous avons également instruit plusieurs projets intéressants sur le champ des personnes handicapées.
Quels grands axes privilégiez-vous ?
Ceux-ci sont définis par l’ARS et varient d’un AMI à l’autre, bien qu’il existe une certaine continuité dans les thématiques retenues. Par exemple, dans l’AMI 2020, donc au plus fort de la crise sanitaire, un axe majeur concernait le soutien psychologique des personnels qui, rappelons-le, ont souvent fait le lien entre les résidents confinés et leurs proches. Ce sujet, et plus globalement le soutien des accompagnants, est resté au cœur des AMI 2021 et 2022. Plus concrètement, les projets qui seront retenus dans le cadre de l’AMI 2022 devront a minima porter sur l’une des trois thématiques suivantes : la promotion de la qualité de vie au travail et la lutte contre la sinistralité, l’innovation organisationnelle, managériale et technique, et enfin justement les actions de soutien des équipes à la gestion de crise. Les deux premiers axes répondent aux orientations nationales, principalement le plan d’action pour les métiers du grand âge et de l’autonomie. Le dernier vise plus particulièrement à soutenir les EHPAD durant cette période de crise sanitaire.
Quels sont, à votre sens, les principaux leviers de la QVT dans le secteur médico-social ?
Ils peuvent être nombreux, mais je retiendrai notamment le management, le numérique et la télémédecine. C’est là un constat partagé par les pouvoirs publics, qui portent d’ailleurs un certain nombre de programmes nationaux en ce sens, comme ESMS Numérique. En ce qui nous concerne, nous voyons beaucoup de projets intéressants autour des fonctions managériales, pour les cadres dirigeants et les cadres de proximité. Ils visent principalement à donner aux encadrants des clés et des outils, afin qu’ils puissent par la suite mettre en place une politique QVT co-construite avec leurs équipes. Les audits QVT, les formations d’animateur prévention ou de formateur en prévention des risques liés à l’activité physique (PRAP), sont d’autres sujets intéressants, car ils permettent de sensibiliser aux enjeux de la QVT.
L’AMI 2022 a été clôturé le 1er juillet. Quelles seront les prochaines échéances ?
Les dossiers répondant aux axes régionaux seront instruits et soumis pour validation à la direction de l’Offre Médico-Sociale de l’ARS. Le choix final sera fonction des financements dont nous disposerons. Chaque année, 1,1million d’euros issus des crédits CNSA sont fléchés sur la QVT, mais cette enveloppe est généralement complétée, dans une certaine mesure, par l’Agence régionale de santé. Les établissements sélectionnés en seront informés d’ici début décembre au plus tard, et recevront leurs crédits avant la fin de l’année. Ils pourront alors mettre leurs actions en place courant 2023. À savoir : dès le premier AMI de 2018, nous avons prévu d’effectuer un bilan de chaque appel à manifestation d’intérêt, pour évaluer la pertinence des mesures mises en œuvre au sein des établissements. La crise sanitaire a quelque peu ralenti ce projet, d’autant que certaines actions retenues dans le cadre des AMI 2019, 2020 et 2021 ont fait l’objet d’un report. Je vais donc prochainement réaliser les bilans des AMI précédents, et les premiers enseignements devraient être disponibles à la fin du 1er semestre 2023. En fonction des résultats, nous pourrions promouvoir la diffusion de certaines actions à l’échelle de la région. Notre objectif est ici clair : faire en sorte que la QVT fasse partie intégrante de la culture d’établissement, qu’elle y devienne une préoccupation naturelle et quotidienne.
Article publié dans le numéro de juillet d'Ehpadia à consulter ici
Stéphanie Grisel : Le premier AMI a été lancé dès 2018, suite à la publication de l’instruction du 17 juillet 2018 relative à la mise en œuvre d’une stratégie de promotion de la qualité de vie au travail dans les établissements médico-sociaux. Il faut dire qu’il s’agit là d’un enjeu majeur pour les métiers du grand âge, comme l’avait d’ailleurs également souligné le rapport El-Khomri d’octobre 2019 – et plus encore depuis la crise Covid. Donc, depuis 2018, l’Agence Régionale de Santé des Hauts-de-France attribue à ces AMI une partie des crédits alloués par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Notre objectif est de financer et d’accompagner des projets de démarche QVT et d’innovation au sein des établissements et services médico-sociaux de la région, à la fois sur le secteur des personnes âgées et sur celui des personnes en situation de handicap. Depuis 2018, près de 19 millions d’euros ont été attribués pour financer des actions en matière de QVT.
Vous évoquez l’impact de la crise sanitaire. Que constatez-vous ?
Si elle a toujours représenté un point de vigilance, les enjeux de la qualité de vie au travail ont gagné en intensité depuis la première vague épidémique. Les directeurs d’EHPAD, notamment, y sont plus attentifs et engagent de nombreuses actions en ce sens. En témoigne l’évolution du nombre de projets soumis dans le cadre des AMI : nous avons reçu 68 dossiers en 2018, une centaine en 2019, 229 en 2020, 245 en 2021, et en attendons autant voire plus pour 2022. Les candidatures ont donc été multipliées par 3,3 entre le premier et le quatrième AMI ! Autre indicateur fort du nouvel intérêt porté à la QVT par les directions d’EHPAD : 80 % des dossiers reçus en 2021 concernaient des établissements pour personnes âgées, même si nous avons également instruit plusieurs projets intéressants sur le champ des personnes handicapées.
Quels grands axes privilégiez-vous ?
Ceux-ci sont définis par l’ARS et varient d’un AMI à l’autre, bien qu’il existe une certaine continuité dans les thématiques retenues. Par exemple, dans l’AMI 2020, donc au plus fort de la crise sanitaire, un axe majeur concernait le soutien psychologique des personnels qui, rappelons-le, ont souvent fait le lien entre les résidents confinés et leurs proches. Ce sujet, et plus globalement le soutien des accompagnants, est resté au cœur des AMI 2021 et 2022. Plus concrètement, les projets qui seront retenus dans le cadre de l’AMI 2022 devront a minima porter sur l’une des trois thématiques suivantes : la promotion de la qualité de vie au travail et la lutte contre la sinistralité, l’innovation organisationnelle, managériale et technique, et enfin justement les actions de soutien des équipes à la gestion de crise. Les deux premiers axes répondent aux orientations nationales, principalement le plan d’action pour les métiers du grand âge et de l’autonomie. Le dernier vise plus particulièrement à soutenir les EHPAD durant cette période de crise sanitaire.
Quels sont, à votre sens, les principaux leviers de la QVT dans le secteur médico-social ?
Ils peuvent être nombreux, mais je retiendrai notamment le management, le numérique et la télémédecine. C’est là un constat partagé par les pouvoirs publics, qui portent d’ailleurs un certain nombre de programmes nationaux en ce sens, comme ESMS Numérique. En ce qui nous concerne, nous voyons beaucoup de projets intéressants autour des fonctions managériales, pour les cadres dirigeants et les cadres de proximité. Ils visent principalement à donner aux encadrants des clés et des outils, afin qu’ils puissent par la suite mettre en place une politique QVT co-construite avec leurs équipes. Les audits QVT, les formations d’animateur prévention ou de formateur en prévention des risques liés à l’activité physique (PRAP), sont d’autres sujets intéressants, car ils permettent de sensibiliser aux enjeux de la QVT.
L’AMI 2022 a été clôturé le 1er juillet. Quelles seront les prochaines échéances ?
Les dossiers répondant aux axes régionaux seront instruits et soumis pour validation à la direction de l’Offre Médico-Sociale de l’ARS. Le choix final sera fonction des financements dont nous disposerons. Chaque année, 1,1million d’euros issus des crédits CNSA sont fléchés sur la QVT, mais cette enveloppe est généralement complétée, dans une certaine mesure, par l’Agence régionale de santé. Les établissements sélectionnés en seront informés d’ici début décembre au plus tard, et recevront leurs crédits avant la fin de l’année. Ils pourront alors mettre leurs actions en place courant 2023. À savoir : dès le premier AMI de 2018, nous avons prévu d’effectuer un bilan de chaque appel à manifestation d’intérêt, pour évaluer la pertinence des mesures mises en œuvre au sein des établissements. La crise sanitaire a quelque peu ralenti ce projet, d’autant que certaines actions retenues dans le cadre des AMI 2019, 2020 et 2021 ont fait l’objet d’un report. Je vais donc prochainement réaliser les bilans des AMI précédents, et les premiers enseignements devraient être disponibles à la fin du 1er semestre 2023. En fonction des résultats, nous pourrions promouvoir la diffusion de certaines actions à l’échelle de la région. Notre objectif est ici clair : faire en sorte que la QVT fasse partie intégrante de la culture d’établissement, qu’elle y devienne une préoccupation naturelle et quotidienne.
Article publié dans le numéro de juillet d'Ehpadia à consulter ici